Le praticien joue deux rôles: Al-Aragoz et un autre personnage, comme le nubien, l’officier de police, etc… et il change sa voix chaque fois que cet autre personnage interfère. Cet interprète porte sur son dos son théâtre qui est composé d’une petite scène mobile et se promène dans les rues, les ruelles, et les villages. Les sujets qu’il présente sont cyniques, avec beaucoup d’exagération,mais qui reflètent la réalité, comme la corruption et le despotisme.
L’acteur populaire et le monologueur Choukoukou est le premier à intégrer Al-Aragoz dans une salle d’audience, et l’a ressuscité quand il était sur le point de disparaître complètement. Il lui a chanté : « Oh ! Al-Aragoz, le formidable ! Celui qui a des rayures, le raconteur ! ». En outre, cet acteur a fait le tour du monde entier avec sa marionnette pour faire connaître Al-Aragoz le plus largement possible.
Qui de nous ne se rappelle pas de l’opérette en marionnettes « Al-Leila Al-Kébira» (La grande nuit du mouled), écrite par Salah Jahine, et composée par Sayed Mekkawi, où apparaît Al-Aragoz dans un dialogue avec le maire, et où il lui donne les directions pour aller quelque part, pour qu’il lui fasse tomber enfin en confusion.
Dans le cinéma, Al-Aragoz est représenté dans quelques films comme dans « la deuxième femme »de Salah Abou Seif, où son apparition va de pair avec l’environnement rural où se déroule l’action, ainsi avec l’oppression et le despotisme du maire du village. Le film « Al-Aragoz », mis en scène par Hani Lashin, interprété par Omar El Sherif, raconte l’histoire d’un praticien d’Al-Aragoz qui aime son métier malgré le regard négatif des gens à son égard, et il lutte contre la corruption à travers les scènes qu’il interprète dans son petit théâtre.
En réalité, La viabilité de la pratique d’Al-Aragoz est menacée par les évolutions des conditions sociales, politiques, juridiques et culturelles propres à son interprétation, telles que la montée du radicalisme religieux, un déclin général de l’intérêt pour cet art parmi les jeunes générations - qui préfèrent la télévision, les vidéos sur internet et le cinéma - ainsi que l’âge avancé de ses praticiens actifs. Le nombre de praticiens encore vivants a diminué et de nombreuses histoires autrefois interprétées ont désormais disparu.